Les pianos de l'association
En 2013, notre association a créé un Salon romantique au sein du Château Chanorier de Croissy sur Seine. Ce lieu évoquant par sa décoration et ses grandes fenêtres un salon du XIXè siècle accueille en exposition permanente les cinq pianos dont l'association a la responsabilité de la sauvegarde et de la mise en valeur. Ces instruments de facture française (Pleyel et Erard) sont en état de jeu et utilisés lors de masterclasses, de rencontres autour des pianos de l'époque romantique, de séances d'enregistrement, de concerts et de conférences.
Pour être informés de nos activités et n'en manquer aucune, cliquez ici pour adhérer à l'association.
En attendant, découvrez les instruments et leur sonorité particulière grâce aux vidéos ci-dessous.
PLEYEL À QUEUE (1837) - 2,27M
Piano à queue de Pleyel n° 5612 de 2,27m, 6 octaves 1/2, mécanique à simple échappement, finition “extra riche” acajou pommelé à double rubans de cuivre, vernis au tampon. Sorti des ateliers le 17 avril 1837, il sera vendu en juin 1839 à Mademoiselle Nicole à Paris pour la somme de 3000 francs. Il comporte un chevalet à double étage.
Exceptionnel à plus d’un titre, ce piano à queue (propriété de la ville de Croissy) n’en finit plus d’étonner ceux qui l’entendent depuis qu’il a été restauré entièrement en 1998/1999. La richesse des couleurs qui peuvent être tirées de cet instrument permettent de mieux comprendre l’exclusivité que Chopin consacrera aux pianos du facteur Pleyel, tant pour ses concerts que pour ses compositions.
Illustration sonore : un extrait du Nocturne de Chopin op. 62 n°1 par Yves Henry, enregistré sur cet instrument (CD bientôt disponible dans l'espace boutique).
ERARD À QUEUE (1845) - 2,47M
Piano à queue Erard n° 18650 de 2,47m, 7 octaves, mécanique à double échappement, finition acajou de cuba moiré, vernis au tampon. Sorti des ateliers le 26 octobre 1845, il est vendu le14 février 1846 à M. Sandherr à Colmar au prix de 2950 francs. C’est Adolphe Gutmann (élève de Chopin) qui en a conseillé l’achat. Ce magnifique instrument de concert acquis en 2008 par l’association a été complètement restauré en 2009 par les techniciens de la maison Nebout.
Ce modèle rarissime est témoin de l’invention du récital de piano par Franz Liszt. C’est en effet sur ce type d’instrument que Liszt joua la plupart du temps lors de sa grande période de pianiste virtuose en France. Cet instrument devait pouvoir accepter la puissance de son jeu à laquelle ne résistaient pas les pianos des autres facteurs.
Illustration sonore : un extrait de “Funérailles” de Liszt par Yves Henry, enregistré sur cet instrument (CD disponible dans l'espace boutique).
PIANINO PLEYEL (1853)
Pianino Pleyel n° 19362, 6 octaves 3/4, finition acajou ronceux, sorti de la fabrique Pleyel le 19 septembre 1853. Sa sonorité particulièrement riche par rapport à son faible encombrement lui a valu un succès durable tout au long du XIXe siècle, et a sans aucun doute contribué à l’extinction progressive des pianos carrés. Chopin lui-même avait une affection particulière pour ce type d’instrument et en a toujours eu dans ses différents domiciles parisiens. Il en appréciait la richesse sonore et la sensibilité du toucher.
Cet exemplaire a été acheté à Christiane Sand, héritière d’Aurore Sand, petite fille de George Sand qui possédait un instrument semblable dans sa maison de Nohant. Il n’a pas été restauré et sa sonorité est certainement très proche de ce qu’elle était dans les années 1850.
Illustration sonore : un extrait du Nocturne de Chopin op. 9 n° 2 joué sur ce piano par Daria Fadeeva.
ERARD CARRÉ (1842)
Piano carré d’Erard n° 15557, modèle 2 cordes, 6 octaves 1/2, finition acajou uni à perles, sorti de la fabrique Erard le 27 juin 1842, il sera vendu à Mademoiselle Minart à Nantes le 18 octobre 1842. Instrument typique de la période d’expansion de la pratique du piano au milieu du XIXè siècle, c’est le piano que l’on trouvait dans les salons bourgeois.
Témoin de l’évolution sociologique de la pratique musicale à cette période, à un moment où Paris comptait 99 facteurs de piano, il est parfaitement adapté à un usage familial, comme la pratique du quatre mains ou de l’accompagnement vocal. Deux genres qui ont longtemps dominé la pratique amateur, comme en attestent les nombreuses adaptations des symphonies classiques pour piano à quatre mains ou le succès des “romances” pour voix et piano.
Illustration sonore : un extrait du XIVè Prélude de Bach (Livre II) par Nowak Defrance sur ce piano.
ÉRARD CARRÉ (1787)
Piano carré d’Erard, 5 octaves, pédalier déporté sur le coin arrière gauche, acajou verni au tampon, sorti de la fabrique Erard en 1787, il porte la signature de Sébastien Erard sur la table d’harmonie. Les registres d’Erard entre 1777 et 1788 ayant disparu, il est impossible de savoir pour qui cet instrument a été fabriqué. Il témoigne de la première partie de la production du facteur Erard à Paris, initiée en 1777 avec l’aval du roi Louis XVI.
Exilé à Londres pendant la période révolutionnaire, Sébastien Erard s’installera à nouveau à Paris après 1800 et deviendra au XIXème siècle l’un des deux plus grands facteurs de piano français. C’est un piano à usage personnel, parfait pour accompagner une voix ou un instrument comme le violon, le violoncelle ou la flûte.
Illustration sonore : un extrait de la Fantaisie en ré mineur de Mozart par Nowak Defrance sur ce piano.